Perte de contrôle ☾ épisode #1, scénario #2

Ses parents lui avaient souvent répété de se fier à son instinct et, ce soir, son instinct lui hurlait que quelque chose se préparait. Fébrile, nerveuse, elle avait tenté de se distraire en se plongeant dans ses corrections. Une pile d'interrogations écrites l'attendait mais elle ne l'occupa qu'un temps, les battements erratiques de son cœur angoissé reprenant vite le dessus. Un éclair fendit le ciel de San Francisco, illuminant sa chambre d'adolescente sans prévenir. Une main devant le visage pour protéger ses yeux, Farah s'approcha de sa fenêtre et, surprise, regarda le dôme s'abattre sur la ville, son bras retombant mollement le long de son flanc. Bon sang, que se passait-il ?

Sans réfléchir, la jeune femme descendit quatre à quatre les escaliers et, une fois sa veste en main, bondit hors de la maison familiale. Les quelques passants qu'elle croisa ne semblaient pas particulièrement alarmés. Des humains, certainement, ce qui signifiait que le dôme leur était invisible. Ce n'était pas particulièrement rassurant en soi mais au moins, on éviterait la panique.

Elle avait le souffle court et les joues rouges lorsqu'elle parvint face aux limites du dôme, à l'ouest de la ville. Sans doute aurait-elle dû prendre le temps de s'habiller correctement avant de se précipiter hors de chez elle mais la météo et les températures hivernales n'étaient pas spécialement au centre de ses considérations à ce moment-là. C'était ce dôme immense qui l'avait inquiétée et l'inquiétait toujours d'ailleurs. Elle s'en approcha doucement, plus intriguée qu'effrayée, tout mauvais pressentiment à présent oublié. Sa main se leva, comme mue par son propre esprit.

Farah effleura le dôme, le temps d'une seconde lui sembla-t-il, ou des heures peut-être. Assez longtemps pour l'électrifier, elle aussi. Elle voulut hurler, terrifiée par les violents picotements qui traversèrent alors son corps mais ne parvint pas même à ouvrir la bouche. Ce n'était pas douloureux mais ce n'était pas agréable, ce n'était pas familier mais ce n'était pas rassurant non plus. Une foule de sentiments et sensations contradictoires la submergea et sitôt qu'elle en comprenait une, une autre faisait son apparition, enfermant son esprit loin de l'évidence. Elle avait touché le dôme, sans même savoir comment il était arrivé là ni qui était à son origine, l'erreur de débutante.

La réalité qui l'entourait se brouilla, reléguée au second rang par la puissance, vive et soudaine, qui traversait sa tête et ses membres. Farah se sentait capable de grandes choses, de belles choses. De choses terribles. Capable de tout. Elle se retourna, ivre de pouvoir, avec l'impression curieuse d'être dans un rêve, de s'être endormie là-bas, chez elle, le nez dans ses copies. Et c'était certainement ça, il n'y avait que cette explication, sinon comment justifier cette douce sensation d'invicibilité ? Comment expliquer que cette maison, à quelques mètres de ses doigts tendus en avant, flottait dans les airs sous les regards ébahis des passants ?